Comme un promeneur solitaire qui, çà et là, s’arrête devant un arbre, une fleur ou examine un champignon encore lové dans sa couverture de mousse, Jean Brousse s’est promené à travers notre presse, nationale et régionale, après la victoire de Donald Trump. Prises individuellement, les publications de nos confrères n’ont rien que de très habituel. Mais la vision d’ensemble offre une autre image. Celle d’oiseaux qui, dans un ensemble parfait, repartent à tire d’aile, à l’opposé de leur course. Comme désorientés quand se présente un intrus.
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Basé à Tokyo, mais également franco-américain, et diplômé d’Harvard, Robert Dujarric est un fin connaisseur de la géopolitique Asie-Pacifique et de la politique américaine en général. Passé notre choc de la réélection de Trump, il tente de relativiser la déception générale dans une grande partie du monde. En Europe plus particulièrement. Et en France au premier chef. Pour paraphraser Platon, à voir les propos belliqueux de Trump, nous nous inquiétons. À lire les propos pleins de bon sens de Robert Dujarric, nous nous consolons.
Outrance sans conscience n’est que ruine du peuple. C’est ainsi, qu’en paraphrasant Rabelais, on pourrait intituler le véritable cri d’alarme du journaliste – et ancien rédacteur en chef de France Inter – Patrick Boyer. Dans cette première tribune pour Sans doute, il met en parallèle deux hystéries : de droite et de gauche qui, comme c’est souvent le cas, finissent par se rejoindre dans un totalitarisme que les peuples, avides de « renverser la table », n’ont pas vu venir. Oubliant qu’une matraque, qu’elle soit de droite ou de gauche, reste une matraque.
Le slogan trumpien “Make America great again” ne serait-il pas un trompe-l’œil ? Ce slogan qui charme tant une Amérique inquiète, ne serait-il pas un simple succédané de la tristement célèbre « doctrine Monroe » ? Ce lointain prédécesseur du 47ème président des États-Unis qui, au début du XIXème siècle, prônait le repli sur soi. Il aura fallu attendre, bien plus tard, l’intervention américaine lors des deux guerres mondiales, et le plan Marshall, pour que l’économie US prenne le leadership mondial. Dans cette tribune, l’économiste Jean-Marc Daniel nous montre qu’une formule de campagne ne fait pas pour autant une politique économique.
“So, we are going back”. Le succès de Donald Trump, confirmé le 6 novembre, résonne comme un avertissement pour les démocraties occidentales. Pour certains, comme Vladimir Poutine, Benyamin Netanyahou et Viktor Orbán, c’est une victoire retentissante. Pour la plupart des leaders européens, c’est un cauchemar qui devient réalité. « L’incarnation populiste de Donald Trump a malheureusement de beaux jours devant elle en Europe » comme l’a affirmé Dominique de Villepin.
Si le chancelier allemand Olaf Scholz – dont la coalition gouvernementale vacillait depuis plusieurs mois, en raison de dissensions internes sur la politique économique et budgétaire à suivre – pensait que l’élection à la présidence des États-Unis de Donald Trump conduirait sa fragile coalition à serrer les rangs, c’est raté ! La coalition « tricolore » vient de voler en éclats, laissant une Allemagne totalement déboussolée et en crise économique.
Face à l’inquiétude que suscitent la brutalité et le mensonge, comportements quasi pathologiques de Donald Trump (dont il semble d’ailleurs se délecter), tentons de revenir à la raison des chiffres. Certes, l’idée qu’il pèse d’un poids extrême sur l’avenir du monde, provoque des angoisses légitimes. Mais au-delà des contre-pouvoirs efficaces aux USA, et de la propension…
Presque deux siècles et demi d’une tradition journalistique sont en train d’être mis en cause. De George Washington à Barack Obama, la presse américaine s’est toujours enorgueillie d’être à la fois indépendante vis-à-vis de tous les pouvoirs et de choisir son camp. Il semble que ce ne soit plus le cas désormais, comme s’en inquiète Benjamin Djiane. Associé Fondateur de l’agence de communication Braintrust, il voit là les prémices d’une dangereuse dérive.
Marie-France Bazzo nous avait prévenus : les Canadiens sont aussi des Américains. C’est dire si les élections qui s’annoncent les concernent au premier chef. Liés par tant de choses, culturelles comme matérielles. Avec, en ombre portée, un destin politique quasi identique et… également complotiste. Bref, c’est une Amérique du Nord tout entière qui risque d’influer sur le monde. Et peut-être bien, pas vraiment dans la direction souhaitée…
Plus l’échéance approche, plus la tension monte. Harris ou Trump ? Trump ou Harris ? La bouteille à l’encre s’invite au débat présidentiel. Ce serait une fiction, on aurait crié à l’outrance. Maintenant, les lignes de forces s’entrechoquent dans des contradictions que nous n’aurions même pas osé imaginer. Un labyrinthe que nous décrit avec acuité Gaspard Ganzer.