Lettre à mes non-cousins

Malgré ce que prétendent quelques commentateurs québécois installés dans les médias de droite français, nous ne sommes pas vos cousins. C’est de leur part un réflexe de colonisés, de minoritaires que de se réclamer d’une parenté sous prétexte que nous partageons la même langue.

Bon, une autre québécoise qui débarque dans le paysage médiatique français! Non, non, n’essayez pas de dissimuler, je vous ai entendus maugréer. Rassurez-vous, je n’ai aucune intention de voler son job à une communicatrice française, ni d’immigrer chez vous. J’ai déjà conquis la France à domicile, en épousant un véritable Parisien, installé chez nous. En côtoyant aussi la très nombreuse communauté française qui a pris racine à Montréal. Et qui ne cesse de grossir les rangs du quartier qu’on surnomme le 21^ème arrondissement de Paris : le Plateau Mont-Royal. En clair, je vous apprécie énormément, sachez-le.

J’aime votre pugnacité, votre verve, votre capacité à vous indigner et à vous révolter. À vous réinventer, aussi. Avant les Jeux Olympiques, vous alliez, aigris, démotivés, critiquant la France et votre ville. Je vous connais bien. Vous cultivez l’art du « râlage » comme une caractéristique anthropologique. Depuis 5 ans, votre moral était au plus bas. Grèves incessantes, manifs bi-quotidiennes, gouvernement sans trajectoire, sentiment d’insécurité, ville sale, en travaux permanents… Bref, Paris était devenue invivable selon ses habitants. Mais ça, c’était avant le succès fulgurant des JO.

En 12 jours (et grâce à des milliards d’euros investis), cet événement a fait de la capitale une ville étincelante et désirable. Les JO lui ont apporté une image de modernité. Elle est devenue cool et magique. Les Parisiens, émus et conquis, sont redevenus fiers de leur ville. Cette transfiguration est une belle histoire qui nous rend jaloux. Avec notre Montréal pleine de trous et embourbée dans des chantiers incessants, chez nous aussi. Sans compter cette assurance dont nous Québécois manquons parfois.