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Au détour d’une ouverture paisible, entre une échelle et un chemin glacé, nous nous sommes arrêtés. Bernard, tout à son ouvrage habituel, nous a fait l’article de sa région, la Savoie du Lac, le plateau Gavot, impluvium de l’eau d’Evian. Il nous rappelle les lois que nous avons tous apprises sur la distribution des végétations, des feuillus aux conifères, au fil de la montée en altitude, elle-même évoluant vers le haut avec l’élévation des températures liée au changement climatique.
Puis il nous dit que cette distribution dans l’altitude ne faisait que reproduire la distribution spatiale des hémisphères aux pôles, elle-même dessinée par les évolutions hydrologiques, d’humidité et de température notamment. Surpris, même si cela sonne effectivement comme très sensé, je plonge quelques temps après dans ChatGPT pour voir ce qu’on en dit. Et si rapidement les noms de Humboldt et de Whittaker sortent, je ne trouve pas une trace précise qui instruise le sujet de manière aussi nette, même si la notion de gradient (d’altitude ou de latitude) développée par le second se rapproche très nettement de la comparaison de notre guide.
Mais peu importe, ce qui m’intéressait c’était cette analogie spatiale par laquelle la montagne nous offre en quelque sorte d’un seuil coup d’œil les variations de biotope et de paysages qu’ils suscitent que toute la vie d’un homme ne saurait voir répartis sur les gradients d’un continent ou du globe. Avec l’Intelligence Artificielle, en quelques sorte, le même phénomène se produit, celle-ci permettant de produire en quelques unités de temps humain ce qu’il aurait parfois fallu des dizaines d’années de multiples vies rassemblées à produire sans son intervention.
Sujet d’actualité s’il en est, l’IA aspire toutes les attentions. Lors du dernier sommet mondial de l’Intelligence Artificielle qui se tenait à Paris en février dernier, le Président Emmanuel Macron déclarait vouloir faire de la France une terre d’innovation et de recherche en matière d’intelligence artificielle. Les ambitions et les discours visant à mettre en valeur l’expertise et la qualité de l’écosystème scientifique et informatique français ne sont pas à remettre en question. Cependant ce qui est en jeu dépasse largement le débat sur l’évolution des besoins énergétiques. De fait, l’IA nous questionne sur notre rapport au temps mais l’énergie qu’elle aspire nous rappelle les limites de cette disruption du temps. Ainsi, l’énergie devient le tracker ultime de notre aspiration du temps, et avec l’IA, cela prend des proportions fascinantes, sidérantes et finalement mortifères.
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