Le rapport Draghi, la Chine, les batteries et les voitures électriques

Comment l'Europe a-t-elle pu s'endormir ?... Tellement accaparée par ses querelles aussi intestines que picrocholines, l'Union européenne, la plus riche économie au monde, n'a pas vu Chinois, Américains et autres faire des efforts industriels considérables ?... Efforts augmentés d'une vision long terme qui oblige maintenant à pousser les feux pour recoller au peloton des pays qui comptent. À condition d'avoir une industrie à la hauteur, comme le souligne Patrick Pelata, ancien dirigeant chez Nissan et Renault.

Face à l’écart de création de richesse entre les États-Unis et l’Europe, le rapport Draghi¹, décrit les 3 actions nécessaires en Europe : « La première et la plus importante : l'Europe doit profondément recentrer ses efforts collectifs afin de réduire l'écart d'innovation avec les États-Unis et la Chine, en particulier dans les technologies de pointe » et plus loin, « le deuxième domaine d'action est un plan conjoint pour la décarbonation et la compétitivité ». Le mot important est conjoint. 

Creusons l’exemple des voitures électriques, critiques pour la décarbonation et enjeu industriel majeur. Les batteries Lithium-Ion (Li-ion), au cœur des voitures électriques modernes, sont inventées puis développées par des scientifiques dès la fin des années 1970. Trois d’entre eux, un Américain, un Anglo-Américain et un Japonais recevront le prix Nobel en 2019 pour leur découverte. Le CNRS avec le labo du professeur Tarascon, en France, a participé, en bonne place, à cette aventure. Dès 1991 Sony commercialise la première batterie Li-ion. Elle nécessitera de nombreux développements avant de devenir la batterie standard des ordinateurs et téléphones portables mais l’industrie qui les produit est en Asie. En Europe, le français SAFT s’est emparé de cette technologie et l’applique dans l’aéronautique, le spatial et la défense avec des petites séries et des prix élevés.